Distorsions cognitives (suite)

Dans mon article précédent (Les distorsions cognitives : nous sommes ce que nous pensons), j’ai parlé du premier groupe de distorsions qui nous subjectivent les situations et font que, parfois, nous avons une opinion négative de nous qui nous entraine à nous comporter de façon à valider cette pensée négative. 

J’ai dit que l’on répartissait généralement ces distorsions en 3 groupes et j’ai explicité le premier groupe : la surgénéralisation.

Je vais donc évoquer ici le second groupe : la conclusion hâtive avant de voir dans un autre article le troisième : le raisonnement irrationnel.

La conclusion hâtive

Cette distorsion cognitive consiste à aller au-delà des preuves pour parvenir à une conclusion qui montre les situations encore plus négatives qu’elles ne le sont. 

On voit trois formes de conclusion hâtive, qui, toutes, peuvent mener au phénomène de prophétie auto-réalisatrice.

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1. l’étiquetage 

Cette distorsion nous entraine à appliquer un terme négatif à une situation ou à une personne. C’est une forme de généralisation excessive qui nous permet de catégoriser les gens. Cet étiquetage peut s’appliquer à soi-même, quand nous généralisons un trait que nous pensons avoir. 

Paul est un commercial qui a de bonnes compétences reconnues en prospection, suivi de clientèle, argumentation et organisation. Mais il répète souvent : « Je ne suis pas bon dans le domaine technique ». Si je lui demande d’expliquer ce qui lui faire dire ce jugement de lui, Paul me dit tout de suite : « On me l’a toujours dit ». D’une mauvaise expérience passée basée sur un conflit entre un technicien et lui, il y a plusieurs années, il s’est forgé une étiquette, qui finit par le rendre mal à l’aise dans son travail. Cet auto-étiquetage est maintenant un jugement négatif sur lui qui vient s’intercaler entre la réalité et l’émotion pour devenir une pensée négative. Si je tente de faire expliciter à Paul ce sentiment d’incompétence qu’il pense avoir, il ne parvient pas à trouver de bons exemples valides, ni à déterminer en quoi il se juge incompétent dans le domaine technique. Le « on me l’a dit » justifie l’étiquette qu’il se donne et donne aux autres. 

Les étiquettes négatives que nous nous appliquons sont très souvent vagues voire ambigues. C’est une vérité qui n’a pas de fondement. En cherchant des preuves, on s’aperçoit vite qu’il n’y a pas de véritable raison. 

2. la lecture de l’esprit

C’est le fait de supposer que les autres pensent immédiatement à vous comme quelqu’un de négatif ou faisant des choses négatives. Dans cette distorsion, on utilise un filtre mental qui va éliminer tous les signes positifs lancés par les autres et ne s’attarder que sur les signes négatifs. 

Par exemple, je peux imaginer que ce que j’écris est inutile car on trouve les mêmes notions ailleurs et que personne ne pourrait changer ou modifier ses croyances par la seule lecture de mon article. Mon écriture va alors devenir académique, ennuyeuse et je ne parviendrai pas à argumenter. C’est en plus, dans une certaine mesure, insulter mes lecteurs que penser à leur place et ne pas les croire capables de penser par eux mêmes. La pensée de croire mon article inutile est sans preuve puisque je ne demande pas l’avis de mes lecteurs. Je peux donc rester sur cette seule pensée négative de moi. 

3. la prédiction

Une autre forme de conclusion hâtive est de ne penser les situations futures qu’en envisageant le pire. « Je sais que ça va pas marcher ! » 

Cette distorsion est particulièrement dangereuse parce qu’elle peut vraiment devenir une prophétie auto réalisatrice. Si vous pensez que quelque chose que vous entreprenez ne va pas marcher, que vous n’allez pas réussir, alors votre comportement va s’orienter pour ne pas réussir. 

Martine est inscrite sur des sites de rencontres en ligne. Mais elle me dit qu’elle ne va jamais rencontrer un homme qui l’apprécierait et l’aimerait parce qu’elle se trouve trop grosse. En discutant, elle m’avoue qu’elle s’est décrite avec « quelques kilos en trop », sans savoir comment justifier le « en trop » par rapport à une norme. Le « en trop » est par rapport à son idée à elle et non par rapport à ce qui est généralement décrit. Ainsi, elle rencontre des hommes attirés par les femmes avec des kilos en trop qui ne voient pas en elle, ce qu’ils attendent. De ce fait, Martine ne rencontre aucun homme qui lui plait et à qui elle plait et en conclut : « ça ne marchera jamais ». 

Voir aussi : 

La surgénéralisation 

Le raisonnement émotionnel

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