On nous dit souvent : prenez soin de vous. Mangez bien, dormez bien, bougez bien.
Prendre soin de son corps, c’est certainement très bien. Mais prendre soin de son corps sans prendre soin de son esprit et de ses émotions, c’est perdre le bénéfice de la conséquence du soin au corps. Autrement dit, les deux soins sont importants. L’un soutient l’autre et inversement. Ils sont liés.
Seulement, quand on entend des conseils pour prendre soin de soi, on nous dit : détendez-vous, lâchez prise, écoutez vos besoins et vos valeurs …
Pas si facile que ça. Surtout que cela ne dit pas la même chose à chacun.
Il y a des personnes à qui cela fera du bien d’aller voir des amis ou chez le coiffeur, l’esthéticienne… et d’autres à qui cela fera du bien de prendre du temps pour méditer, marcher en forêt, s’isoler avec un bon livre. Certains même pourraient avoir envie autant de marcher seul-e en forêt que de s’offrir une séance chez l’esthéticienne.
Il est donc beaucoup plus difficile de généraliser les conseils pour prendre soin de soi psychologiquement et émotionnellement que de généraliser les conseils pour prendre soin de son corps. Mais je vais tenter de donner les grandes lignes de ce qui est judicieux de faire à la mesure de ce que vous pouvez faire et avez envie de faire.
Alors que veut dire « prendre soin de soi psychologiquement et émotionnellement » ?
1. Prendre du temps pour être soi
Prendre du temps pour soi, c’est réfléchir à ses pensées. Autrement dit, penser les pensées.
Nous avons tous l’habitude de nous mentir, de nous cacher des cognitions ou des actes en les mettant de côté. Il faut alors prendre du temps pour chercher en soi ce qui a vraiment motiver un comportement, une parole que l’on sent vouloir mettre de côté et oublier. Cela évite le stress, l’anxiété, la mauvaise conscience et la culpabilité.
Je prends un exemple : Imaginons qu’au cours du repas familial, X a pris la parole en coupant la parole de son partenaire, et en monopolisant l’écoute des autres pendant presque tout le repas, alors que justement X déteste les gens qui ont ce même comportement.
X peut mettre l’anecdote de côté, car après tout, personne ne lui en a fait le reproche et c’est assez inhabituel chez lui. Mais ce côté inhabituel est justement signe que quelque chose est à dire en plus.
C’est vrai que ce n’est pas grave et que les conséquences sont a priori pratiquement nulles. Mais voilà, il se peut que ce comportement soit la conséquence de quelque chose qui rumine en arrière plan en lui. Et cela vaut le coup de se demander « pourquoi » et « comment j’ai pu faire ce que je déteste voir faire chez les autres » ? Quelle est la pensée première de ce comportement ?
La découverte de la cause permettra de ne pas reproduire le comportement quand une cause similaire se présentera. Car quand on agit une fois de telle manière, il est fort possible que le comportement se répète, simplement parce qu’on a appris à le faire et qu’il n’y a pas eu de conséquences.
Ce n’est pas chose facile parce qu’on peut trouver plusieurs causes sans vraiment savoir laquelle est vraiment la cause principale. Mais ce n’est pas important en soi, car toutes les causes peuvent se valoir.
X pourrait découvrir qu’il n’avait pas envie que sa fille (ou son fils) parle de la prochaine fête de famille, sujet qu’il faudrait mettre sur le tapis et qu’il n’a pour l’instant, pas envie d’aborder. Puis en continuant à réfléchir il pourrait découvrir que le comportement de son collègue (sa collègue) l’a particulièrement énervé-e aujourd’hui et qu’il a reproduit justement ce même comportement parce qu’il n’a pas pu ou su lui dire.
En conséquence, X pourrait alors prendre la résolution de mettre au sujet de discussion cette fête de famille au prochain repas parce qu’il sait qu’il faut l’aborder même si cela lui coûte beaucoup. Il peut aussi se dire qu’il faudrait dire le moins agressivement possible à ce collègue qu’il a tendance à couper la parole des autres.
Ce petit temps que l’on prend pour soi à réfléchir à ce que l’on pense vraiment est une gymnastique intéressante psychologiquement. Elle permet de prendre conscience de soi, du soi conscient et inconscient et de trouver des solutions à des problèmes qui pourraient grossir un jour.
2. Faire quelque chose que vous aimez vraiment au rythme où vous pouvez le faire
Se faire plaisir. Oui, mais notre plaisir n’est pas celui de notre voisin, peut être même pas celui de notre partenaire.
Le plaisir n’est pas toujours le même et d’ailleurs n’a pas besoin d’être toujours le même.
Le fait qu’il puisse être différent permet la dynamique de soi.
Il peut être petit, comme manger un carré de chocolat, ou grand, comme prendre un billet d’avion pour aller en vacances.
Il peut être gratuit, comme aller marcher ou couteux comme prendre un abonnement dans une salle de sport.
Il peut être fait en solitaire ou en collectivité. Il peut être court ou long.
Il faut juste qu’il soit pensé comme un plaisir à soi et pour soi. C’est à dire il faut qu’il soit pleinement pris, sans arrière pensée culpabilisante.
3. Apprendre à gérer ses émotions
Toute situation enclenche une émotion, grande, moyenne ou petite. Il est utile de les distinguer au fur et à mesure que l’on les ressent ou prendre le temps de revenir sur les émotions de la journée de façon à n’avoir pas en fin de journée un joli pot de peinture multicolore à mettre de côté pour bien dormir et que l’on retrouvera le matin encore plus bariolé et informe, en ressentant peut être une petite pointe d’anxiété que l’on mettra de côté sur le compte d’un moment rêve.
On peut très bien se demander dans quelle émotion on est, ou on était au moment où… Déterminer l’émotion que l’on ressent ou que l’on a ressentie permet d’affirmer notre identité à nous même et donc de maintenir une bonne estime de soi.
Cela permet ensuite si c’est nécessaire de rationaliser car on ne peut pas rationaliser sans tenir compte de nos émotions.
Je prends un exemple : Imaginons que Y vient de perdre un ami et que la douleur le paralyse au point qu’il en devient incapable de téléphoner aux proches de cet ami et de se rendre à l’enterrement.
L’émotion pourrait être facile à trouver et on pourrait faire l’impasse en se disant juste : « je suis triste » parce que cela parait évident. Mais si Y a eu un comportement non désiré (ne pas téléphoner et ne pas aller à l’enterrement), c’est justement parce que son pot d’émotions est toute en couleur. Il a plus que la tristesse.
En prenant le temps de réfléchir, de penser sur soi, Y comprend qu’il est en colère. En colère après lui, parce que cela fait deux mois qu’il n’avait pas pris de nouvelles de cet ami. Et en colère après la famille de cet ami, parce qu’elle a oublié de le contacter au moment de l’accident de cet ami.
En reconnaissant ces colères qui caracolent à côté de la tristesse, en se disant que oui, il est en colère, il peut alors commencer à rationaliser pour accepter ce qui a été fait et rester attentif à ne plus le refaire. Il ne peut plus aller à l’enterrement qui a eu lieu, mais il peut prendre contact avec la famille et dire qu’il s’associe à leurs peines (et comprendre peut être que la cause de leur silence était une cause toute simple). Il peut aussi comprendre qu’il est important de rester vigilant auprès des personnes qu’il aime en les contactant régulièrement.
Comment prendre ce temps pour soi ?
Il a deux endroits où on est toujours seul-e : la douche et les toilettes et un moment où on est face à soi : l’endormissement.
C’est ce que j’utilise pour prendre le temps pour moi, revenir sur ce que je viens de vivre, faire la palette de mes émotions vécues et le point sur mes comportements inhabituels ou gênants pour moi.
Bien sûr, je ne passe pas tout en revue. Je reviens sur ce qui me parait, à moi, important.
Mais ce temps me permet de me détendre, de lâcher prise et de rester à l’écoute de mes besoins comme de mes valeurs.
Conclusion
Il n’est pas indispensable de se donner de bonnes résolutions. La plupart du temps, on laisse tomber nos résolutions et on ne maintient pas dans le temps ce que l’on avait mis en place.
Aussi, pour mettre en place quelque chose, il faut y aller pas après pas en se donnant des marches acceptables à monter.
On le fait une fois, c’est bien. On oublie, ce n’est pas grave. On retentera le lendemain peut être.
Il faut que cela vienne pratiquement naturellement si on veut tenir dans le temps. Et pour que cela vienne naturellement, il ne faut pas se culpabiliser. Il faut, au contraire, être fier de ce que l’on fait quand on le fait.