L’incertitude comme unique certitude
Le changement est inévitable. La vie d’avant n’existe plus quelque soit l’issue de la pandémie. Cette certitude et les informations et prises de décision qui font notre quotidien depuis quelques moins maintenant engendrent l’incertitude qui est ce sentiment inconfortable de n’être plus en territoire familier.
Certes la vie est remplie d’incertitudes, plus ou moins stressantes voire angoissantes pour certains : Quel temps fera t il dimanche pour notre sortie ? Comment va se passer l’entretien que je dois avoir demain ? Est-ce que la banque va nous accorder le prêt demandé ?
Une étude de 2016 met un lien entre stress et incertitude montrant que plus l’incertitude est élevée et plus le stress le sera. L’étude montre également que ne pas savoir ce qu’il va se passer est plus stressant que de savoir qu’un événement négatif va se produire.
Mais aujourd’hui avec la pandémie de la COVID-19 qui a commencé en fin d’année 2019 et n’est toujours pas derrière nous en cette fin d’année 2020, l’incertitude est sanitaire, économique, relationnelle, financière et même politique …
Personne ne peut prévoir et on entend un peu tout et son contraire, brouillant les pistes de nos certitudes. Dans ce cas, l’incertitude devient la seule certitude.
Nous aimons contrôler nos vies, nos actes, nos pensées et la pandémie et ce qui s’y rattache peut finir par nous épuiser émotionnellement en nous laissant stressé·e, anxieux·se et impuissant·e. Nous pouvons nous retrouver piégé·e dans les éternels « et si… » qui nous offrent des scénarios plus ou moins catastrophiques.
Nous sommes tous semblables MAIS tous différents. Cela veut dire que nous tolérons un degré d’incertitude qui nous est personnel, différent de celui de notre voisin, différent même parfois selon les jours. Nous sommes touts différents pour adopter une stratégie face à l’incertitude. Cela va de la négation de la pandémie pour supprimer toute idée d’incertitude et conserver la maîtriser des attitudes d’avant la crise sanitaire à l’angoisse profonde qui peut provoquer pensées obsessionnelles, TOC, phobies touchant des idées qui n’ont parfois rien à voir avec la COVID-19.
La grande majorité des êtres humains utilisent néanmoins l’inquiétude comme outil face à l’incertitude. Cela donne l’illusion d’un certain contrôle sur les événements futur et d’éviter les mauvaises surprises. En se préparant au pire, on pense contrôler le résultat. Mais cela prive la personne de vivre le présent. C’est en plus très énergivore et source de ruminations.
La meilleure attitude alors, face à toute cette incertitude liée à la pandémie est une adaptation en ajustant notre état d’esprit.
Apprendre à faire face à l’incertitude en temps de crise mondiale
Accepter et se concentrer sur ce que vous pouvez contrôler
Si vous acceptez que l’incertitude existe et que vous vous concentrez sur ce qui est contrôlable et maîtrisable à votre échelle, vous parviendrez à accepter que le « tout contrôle » n’est pas possible tout en conservant une part de contrôle.
C’est facile à dire, pas facile à faire. Il est juste nécessaire de réfléchir à tous les gestes dont vous gardez le contrôle.
Par exemple, concernant le coronavirus, vous contrôlez la façon dont vous pensez la pandémie et les mesures qui s’y rattachent et vous contrôlez le mode d’informations, leurs sources, la fréquence et le traitement que vous en faites.
Pour aller plus loin dans la réflexion, pensez à tout ce que vous contrôlez malgré tout dans le style de vie que vous menez.
Plus vous allez vous concentrer sur les aspects d’un problème qui, dans son ensemble vous parait incontrôlable, moins vous allez vous concentrer sur l’inquiétude.
La concentration appelle l’action et c’est l’action qui atténue le stress.
Faites des exercices de pleine conscience
La pleine conscience consiste à se concentre délibérément sur ce que l’on ressent dans le présent sans interprétation ni jugement. C’est un type de méditation dans lequel on dirige son esprit sur le moment présent.
La pleine conscience apporte des améliorations aux symptômes physiques et psychologiques et des changements positifs sur la santé, les attitudes et les comportements. Autrement dit, en se concentrant sur l’ici et le maintenant, on se laisse moins entraîner par les inquiétudes liées à l’incertitude parce que c’est une pratique qui nous permet d’accepter les expériences que l’on vit et les émotions qui s’y rattachent.
Voici le premier exercice que je donne à mes patients :
- Installez vous confortablement. Simplement confortablement, c’est à dire dans la position qui vous semble à l’instant la plus confortable pour vous.
- Observez le flux de vos pensées, de vos émotions et de vos sensations corporelles sans les juger comme bonnes ou mauvaises.
- Remarquez les sensations externes, celles qui proviennent de vos sens, sans vous accrocher à une idée, une émotion ou une sensation.
- Acceptez tout ce qui surgit à votre conscience à chaque instant en ne vous laissant pas déborder dans une quelconque planification, rêverie ou jugement.
Gérez vos émotions
Il est nécessaire de faire face, le plus souvent possible, à nos émotions, même si celles-ci sont désagréables car les nier ne pourrait qu’augmenter les stress et l’anxiété.
Vivre les incertitudes de cette manière est une façon de mieux s’adapter à la situation et à retrouver un climat de calme.