L’anticipation est une conscience du futur. Cette conscience fait bien sûr partie de notre conscience générale qui est une conscience temporelle du passé, du présent et du futur. C’est une capacité que nous avons d’anticiper, d’imaginer le futur, d’avoir des espoirs et des rêves. La conscience du futur peut nous permettre de définir l’avenir, de monter des objectifs, de faire des plans. C’est une réflexion qui peut évaluer les différentes options et les choix possibles en ayant des émotions, des sentiments, des attitudes au sujet du futur.
Mais parfois surgissent des questions qui finissent par nous angoisser et nous sommes pris au piège de nos questions qui ne peuvent pas avoir de réponse puisque nous ne sommes pas encore dans le futur envisagé.
» Comment ça va se passer lundi ? » « Comment vais-je aller chez eux? » « Est-ce que je vais réussir à parler? » « Que vais-je faire pendant ce trajet? » « Est-ce qu’il va neiger cette semaine? » « Est-ce que j’arriverai à prendre ma correspondance? » etc….
Ces questions d’anticipation hantent notre vie quotidienne et tournent en boucle parfois, sans pouvoir obtenir de réponse.
Parfois on pense même que si on imagine le pire, il n’arrivera et notre cerveau va nous faire envisager des scénarios catastrophes qui finissent par nous hanter.
Or, nous sommes de très mauvais prédicateurs d’avenir et le plus souvent les événements imaginés ne se passent pas comme nous les avions prévus. La peur peut même affecter l’événement lui-même et nous emmener là où précisément nous ne voulions pas aller.
Mais ce constat ne nous empêche pas de recommencer à reprendre un autre scénario catastrophe sur un prochain événement.
Quand nous sommes très anxieux face à un événement avenir, nous sommes parfois tentés de l’éviter. Or, si nous évitons l’événement qui fait peur, nous ne saurons jamais qu’en fait, l’anxiété pendant l’événement est très nettement moins forte que lorsqu’on l’anticipait.
En effet, la phase d’anticipation est toujours pire que la phase d’action. L’anxiété du futur est toujours plus forte que l’anxiété du présent.
Mais certaines personnes sont si affectés par ces pensées anticipatrices qu’elles ressentent quotidiennement des angoisses plus ou moins fortes à propos du futur. Elles développent alors une anxiété d’anticipation.
Mais comment gérer cette anxiété d’anticipation quand elle devient trop envahissante ?
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Prendre conscience de la pensée anticipatrice.
Ce n’est pas forcément évident mais c’est vraiment la première étape : se dire que l’on est en train d’imaginer le futur et que par définition ce futur n’existe pas encore.
2. Reconnaitre la peur
L’émotion est là, on ne peut pas la nier au risque de se nier soi-même. Il faut se dire qu’effectivement si cela se passait comme ça, on a raison d’en avoir peur. Autrement dit, cette peur est normale.
3. Imaginer d’autres scénarios
L’anxiété anticipatrice est créée par une pensée négative d’un événement inconnu. On peut donc imaginer tout ce que l’on veut.
Exemple : Je peux imaginer que je rate ma correspondance. Mais je peux imaginer que je ne la rate pas. Comme imaginer que je la prends in extrémiste.
4. Imaginer l’action dans l’événement catastrophique
Je sais que si je rate le train (que je n’ai jamais raté), je peux changer mon billet et même si cela me coute un peu d’argent, j’arriverai forcément à destination. C’est vrai que je serai alors en retard pour ce rendez vous envisagé mais j’avertirai la personne de mon retard. Donc, la catastrophe n’est pas si grave. Il y a une solution.
En fait, il faut tenter de démolir le scénario en s’imaginant faire quelque chose face à la « catastrophe » envisagée. Normalement l’action nous permet de reprendre le contrôle sur nos angoisses.
5. Modifier sa concentration
Quand on a une pensée anticipatrice qui provoque une angoisse, on a tendance à focaliser son esprit sur cette pensée. Et plus on se concentre sur elle, et plus elle est angoissante.
Il faut alors tenter de se concentrer sur autre chose. Et l’expérience de la pleine conscience est dans ce cas, efficace.
Par exemple, voici un exercice de pleine conscience : si l’environnement le permet, on se tient immobile et on observe un objet quelconque. On s’attache à le décrire en prononçant des mots soit à voix haute soit consciemment dans son esprit. Exemple : c’est un pot à crayons en bois. Il contient des crayons à papier et des stylos. Il y en a un jaune, un transparent ….
En mobilisant sa pensée sur un fait dégagé de toute émotion, la concentration changeant de place, l’angoisse a de bonnes chances de diminuer.
6. Ne vous jugez pas
Ce que vous pensez n’est qu’une pensée. Ce que vous imaginez n’existe pas. Mais ce n’est pas pour ça qu’il faut vous sentir coupable, faible ou fou. Non, c’est normal puisque ça fait peur. Mais ce n’est pas grave puisque ça n’existe pas. Pas besoin de vous jugez. C’est juste de la peur et c’est comme ça.
7. Constater que tout passe, tout se termine
Quand l’événement qui était envisagé angoissant est devenu non plus futur mais passé, il est bien de faire un point pour constater que c’est fini et que ma foi, ce n’était pas si terrible que ça.
C’est important de voir que tout va bien et que la peur n’était qu’une peur parmi d’autres, sans conséquence et que la pensée n’avait rien de grave puisqu’elle était fausse.
Conclusion
Ce sont des conseils que l’on peut prendre et essayer. Vous trouverez que certains fonctionnent mieux que d’autres et peut être trouverez vous votre propre mode d’emploi pour laisser de côté cette illusion de contrôle et comprendre que certaines choses se contrôlent et d’autres pas.
Une journaliste de Doctissimo m’a interviewée. Voici l’article :