Quand on parle d’addiction, on pense essentiellement à la toxicomanie, à l’alcoolisme ou tabagisme. Pourtant, ces dernières années, les scientifiques ont étudié ce que l’on nomme : la dépendance comportementale en lui définissant des caractéristiques comparables aux problèmes de dépendance à la drogue, à l’alcool ou au tabac.
Ce qui est commun est
– le désir irrépressible de s’engager dans un comportement ou une action particulière,
– le manque de contrôle sur ces comportements ou ces actions
– et les conséquences négatives qui s’ensuivent.
Les plus courants de ces comportements sont la dépendance au jeu, la dépendance au sexe (ou au porno), la dépendance aux achats et la dépendance au sport.
Dans les dépendances comportementales, il ne s’agit bien sur pas de substances qui rendent accro, mais de processus dans lequel entre la personne.
Un processus est une suite d’actions enclenchées par la première action. Comme par exemple, démarrer une voiture.
On parle de similitude parce que ces comportements altèrent l’humeur ou l’état émotionnel en créant un sentiment d’euphorie, malgré les conséquences négatives qui en résultent.
Définir la dépendance
Les symptômes varient d’une dépendance à l’autre, mais elles ont toutes en commun deux aspects :
1. Le comportement est inadapté à la vie de la personne et il est même contre-productif.
Jugé la première fois comme pouvant être réellement une amélioration de la vie, le comportement tend très vite à saper les capacités de la personne et à la noyer dans les problèmes qu’elle voulait éviter.
Par exemple, un joueur peut s’engager dans des jeux en ligne pour suppléer à ses problèmes d’argent, en sachant qu’il a plus de chance d’agrandir son débit que de le supprimer. Un dépendant au sexe peut s’engager dans l’action dans l’espoir d’avoir plus d’intimité, même s’il sait que son comportement va plus faire fuir qu’attirer.
Chaque addict s’engage dans le comportement pour une raison qui lui est propre et qui est parfois basée sur des croyances bloquantes.
2. Le comportement est persistant
Malgré les conséquences négatives, malgré les ennuis qui s’ensuivent, la personne poursuit son comportement. Le comportement persiste donc et devient même parfos de plus en plus fréquent et de plus chronophage.
Portraits d’addicts
Nous sommes tous semblables et tous différents. Ainsi, un addict ressentira les mêmes émotions qu’un autre, mais son histoire sera différente d’un autre. Les étapes pour gérer et supprimer le comportement seront identiques, mais la durée de chaque étape sera différente d’un individu à l’autre.
Tout d’abord on peut déjà différencier
– Les addicts qui ne veulent pas savoir qu’ils sont en dépendance.
Ils entrent dans le déni des aspects négatifs, mettant aux oubliettes les effets de leurs comportements sur leur vie quotidienne et leurs relations. C’est parfois quand la conséquence est devenue très grave (départ du partenaire, perte d’emploi) qu’ils admettent leur comportement obsessionnel.
– Les addicts parfaitement conscients du côté néfaste de leur comportement
Ils savent ce qu’ils font et savent que ce qu’ils font a des conséquences qui ne font qu’aggraver leur vie quotidienne, mais ils continuent à avoir le comportement. La volonté n’est pas suffisante pour gérer le comportement (avant de le supprimer). Etre conscient des conséquences néfastes est la première étape de la gestion du comportement et donc de la suppression des effets négatifs.
Ces deux portraits ont grosso modo en commun certaines caractéristiques
– La personne addict est déconcertante
La personne addict utilise beaucoup d’énergie à oublier son comportement ou passe beaucoup de temps à y penser. C’est très énergivore. Elle tente de contrôler son comportement mais ne contrôle pas ce qu’elle pourrait contrôler. Elle entre souvent alors en plein paradoxe. Paradoxe de confiance (ne pas avoir confiance en soi mais trop en l’autre ou inversement), paradoxe d’accompagnement (demander du soutien en refusant l’efficacité de l’aide).
– La personne addict couvre sa dépendance
Souvent à cause du sentiment de culpabilité et de honte, l’addict va mentir et manipuler et renvoyer sur l’autre ces sentiments négatifs impossibles à gérer.
– La personne addict nie toute responsabilité
La cause de son addiction la rend victime du passé et du présent. Le comportement est alors comme un bébé qu’on ne peut pas abandonner sans avoir l’impression de s’abandonner soi même. Une victime ne peut pas être responsable.
– La personne addict dénigre toute aide possible
La personne se sent complètement impuissante, désespérée et malheureuse. Elle entre souvent dans des émotions de peur incontrôlables. Or,ces peurs paralysent et la personne entre dans l’immobilisme.
Dans le prochain article, j’évoquerai les étapes de la gestion des comportements dépendants via la thérapie cognitive émotionnelle.