Comment apprendre aux enfants à gérer leurs émotions

Les émotions ne doivent pas être confondues avec les sentiments. Les émotions sont des réactions brutes face aux situations, tandis que les sentiments sont les mots que nous mettons sur les émotions. Les premières échappent au raisonnement, tandis que les autres sont à la base de notre rationalité.

Les émotions sont ce que nous partageons avec tous les êtres vivants. Elles sont peu nombreuses et sont pratiquement toujours présentes. Il y a la peur, la tristesse, la colère, le dégoût, la joie et l’amour. On dit que certaines sont positives parce qu’elles sont plaisantes à ressentir et que d’autres sont négatives parce qu’elles nous mettent mal à l’aise. Mais elles sont toutes utiles et nécessaires et sont un marqueur de notre existence d’être vivant.

Il y a quelques décennies, on n’accordait pas de place aux émotions et surtout à leurs expressions car la plupart des émotions étaient jugées comme une marque de faiblesse.

Aujourd’hui, leurs expressions sont devenues presque indispensables à notre mode de vie et de communication.  Les émotions nous gouvernent et si nous ne les reconnaissons pas, nous avons du mal à rationaliser et nous finissons par exploser. La gestion des émotions facilite grandement la vie quotidienne et surtout notre communication avec les autres et notre intimité psychologique avec notre partenaire. Chez l’enfant, l’expression des émotions participe à la connaissance du monde et des interactions avec ce monde.

Beaucoup d’adultes les ignorent encore et je vois souvent les conséquences chez mes patients adultes. Ils ne reconnaissent pas ce qu’ils ressentent et se taisent face à la peur, la tristesse, l’amour, le dégoût, la colère et parfois, même la joie.

Nos émotions conditionnent nos comportements. Si nous ne les reconnaissons pas, nous ne pouvons pas agir sur nos comportements.

On peut bien sûr vivre sans les exprimer, c’est à dire sans les gérer, mais c’est comme si on se déplaçait toujours avec une cocotte minute sous pression.

Cela dit, ce n’est pas facile et même si on sait gérer nos émotions la plupart du temps, nous les laissons parfois prendre le dessus, en déclenchant des comportements que nous pouvons regretter ensuite.

Pour les enfants, c’est la même chose. Sauf qu’ils ont parfois ni  appris à les enfermer dans la cocotte minute ni à les reconnaître, ni à les exprimer. Ils ne savent pas encore répondre de manière appropriée face à ce qu’ils ressentent.

Si on leur apprend à distinguer leurs émotions, à les nommer et donc à les gérer, ils vont avoir une meilleure estime d’eux mêmes, une attitude plus à l’aise avec les autres. Ils vont également apprendre à répondre par des comportements appropriés qui ne les mettront pas en mauvaise posture.

À  quoi cela ressemble  ?

Les enfants sous le coup des émotions qu’ils ne gèrent pas, pleurent, hurlent, trépignent, paniquent, cassent les objets, se renferment dans une rancune tenace, agressent les autres.

Quand nous, nous ne parvenons pas à gérer nos émotions, nous rendons les autres responsables de cet état. Et si l’autre a l’habitude de gérer nos émotions, alors, nous ne faisons aucun effort pour le faire nous même.

Les enfants font pareil, surtout qu’ils peuvent penser que la gestion des émotions est impossible par soi même et que c’est toujours le parent ou l’adulte du moins qui doit savoir ce qu’il faut faire.

Face à ces comportements extrêmes, nous, parents, adultes, sommes parfois complètement démunis. Cela peut déclencher chez nous, puisque nous ne comprenons pas, des émotions de peur et de colère.

Ces comportements brusques et violents peuvent nous laisser incertains, stupéfaits. Et bien sûr, plus nous essayons de les calmer et plus le comportement de l’enfant se renforce.

Quel est le déclencheur ?

Nous avons tous un zone d’inconfort particulier dont nous ne sommes pas toujours conscients. Cela peut être l’irrespect, l’injustice, l’abandon… Et si quelqu’un appuie sur cette zone sensible, de façon consciente ou inconsciente (car il arrive souvent que l’autre n’a pas l’intention de nous faire mal), c’est comme un bouton pour nous : la colère, la peur, la tristesse nous envahissent. Souvent les émotions arrivent comme en paquet et nous les ressentons toutes à la fois, sans pouvoir les séparer. Nous allons alors dépenser notre énergie en réactions non contrôlées sans reconnaître que l’autre a appuyé sur un bouton sensible de notre personnalité.

Ignorer son déclencheur, c’est donner aux autres la possibilité d’appuyer sur le bouton qui va déclencher une explosion de comportements non appropriés à la situation.

Que faut il faire face aux émotions ?

Pour l’adulte, il lui faut se « remettre en cause » en quelque sorte pour prendre conscience de ce qu’il l’a vraiment gêné. C’est souvent plus que les mots ou l’attitude de l’autre, c’est l’interprétation qu’il a donné aux mots et aux attitudes.

Face à l’enfant, nous pouvons l’aider à faire cette introspection en lui proposant notre interprétation de son explosion. Comme par exemple : « as-tu eu l’impression d’être dans une situation d’injustice ? » ou « Aurais tu eu l’impression de ne pas avoir été respecté(e) ?  » Bien sûr, si vous êtes le partent à lui dire ça, l’enfant peut de nouveau réagir de façon excessive. Le mieux alors est que ce soit un tiers qui lui demande de revenir sur ce qui l’a blessé.

Et puis, quand nous avons un enfant qui a une tendance à exploser face à la colère, la tristesse et la peur, le mieux est de vous posez également cette question pour que vous connaissiez votre propre bouton et que vous appreniez à le désactiver. Cela aidera l’enfant à prendre conscience de ce qu’il ressent, à prendre exemple sur votre façon de désactiver le bouton et vous aidera également à être vous même moins réactif face aux réactions de votre enfant.

Souvent ces boutons nous viennent de l’enfance, de la façon dont les autres ont répondu à nos réactions émotionnelles. Et même si vous avez l’impression que les situations ont changé, votre cerveau enclenche le comportement appris.

Les déclencheurs des émotions

Comme nous sommes tous identiques et tous différents, voici les principaux déclencheurs :

L’injustice, la dépendance, l’irrespect, la honte, la jalousie…

Quand on identifie le déclencheur, il faut chercher le comportement que l’on aimerait avoir. Pour enfant, c’est pareil. Posez lui la question : que pourrais-tu faire face à la peur, la colère, la tristesse ?

C’est important de faire confiance à l’enfant sur sa capacité à chercher ce qu’il va pouvoir faire. Ne cherchez pas vous même la réponse à la question. Il s’agirait de votre propre comportement et non du sien. Réglez le problème de l’autre alourdit le problème de l’autre et ne supprime pas votre problème. Et l’enfant pourrait penser que vous seul(e) êtes capable de résoudre son problème.

Vous aidez l’enfant si vous êtes à côté de lui et non en lui. Il faut que l’enfant accepte ses émotions. Il faut qu’il apprenne lui même à les reconnaître pour les gérer aujourd’hui et demain quand il sera adulte.

Il faut aussi savoir que les émotions sont parfois transgénérationnelles et que certaines nous viennent de notre histoire familiale. Les émotions sont parfois des « patates chaudes » que l’on se transmet de génération en génération. Si vous en prenez conscience, si vous apprenez à désactiver le bouton, vous cesser la transmission.

Que dire aux enfants  ?

Quand l’enfant est calmé, a repris le cours de son existence sans réactions intenses, on peut lui dire que les émotions nous traversent, qu’elles vont et viennent, par vagues parfois intenses, parfois paisibles et que nous n’y pouvons rien parce que c’est même une très bonne chose. Nous ne pouvons pas ne pas en avoir. Une souche d’arbre n’en a pas, mais le moindre petit être vivant sur terre en a. Parlez lui du chien qui nous regarde partir sans lui, du chat qui a raté son saut… Tout être vivant en a.

Mais nous pouvons choisir, en tant qu’être humain, le comportement qui va en découler. Nous pouvons les  reconnaître , nous pouvons en parler et nous pouvons comprendre qu’elles ne font que passer. Et, en plus, nous pouvons faire des erreurs et les réparer c’est à dire, commencer à avoir une réaction excessive et la modérer en s’en excusant.

 

 

 

 

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