Le fait d’avoir une baisse de désir après l’accouchement est un problème en soi très commun. Commun ne veut absolulement pas dire non important, mais simplement normal, qui arrive assez souvent à de nombreuses femmes nouvellement mères.
Après la grossesse et l’accouchement, la baisse du désir peut être due
– aux nombreuses modifications du corps entrainant parfois une baisse de confiance en soi,
– au manque de sommeil ou à une baisse de la qualité du sommeil entrainant de la fatigue,
– à toutes les multiples attentions et actions qu’il faut faire vis à vis du nouveau né, entrainant de l’inquiétude,
– à cette espèce de tristesse sournoise, mal définie que l’on appelle « dépression post-partum » ou « baby blues ».
Alors, quand on est fatiguée, déprimée, inquiéte, ce n’est pas du tout évident de répondre ou d’initier les activités sexuelles, même si les activités sexuelles avant la grossesse étaient de vraies activités de plaisir.
On dit alors qu’il faut être patient et que ce n’est que temporaire.
Mais qu’est ce que le temporaire pour le couple qui patiente ?
Pour la femme qui ne comprend pas bien et finit par culpabiliser en pensant qu’elle ne parvient plus à aimer son partenaire devenu le père de son bébé.
Pour l’homme qui ne comprend pas plus et qui culpabilise également de voir sa compagne souffrir en restant incapable de l’aider et en ne parvenant pas vraiment à gérer son propre désir et qui pense que sa partenaire ne l’aime plus et ne lui donne pas de place dans sa nouvelle vie.
Certes, il ne faut pas se précipiter. Il ne faut pas que la femme s’inquiéte inutilement. Il ne faut pas que l’homme parle sans arrêt de son désir et du manque de désir. Il ne faut pas que le couple se boude…
Il ne faut pas…
Comme on dit c’est le fameux « YaKaFautQuon ».
Seulement voilà, au bout de quelques semaines, le couple s’enlise et chacun souffre en rejetant la souffrance de l’autre, persuadé de ne pas être compris.
Alors que faut il faire ? Quand est-ce nécessaire d’agir en demandant de l’aide ?
Les premières actions
Le mieux serait d’avoir une information concrète dès la sortie de la maternité. Nous sommes tous pareils, mais nous sommes tous différents. Un médecin répondra de façon médicale, c’est à dire en tenant compte du corps. Le gynécoloque pourra écarter toute cause organique qui gênerait les futurs rapports sexuels.
L’idéal ensuite est de ne pas hésiter à en parler ensemble.
Parler de ce que l’on ressent, de ce que l’on craint, de toutes ces peurs qui surgissent, de cette fatigue qui mine, de cette tristesse qui engloutit.
Parler non pas pour être compris parce que comprendre est souvent très très difficile quand on souffre soi même, mais parler pour écouter l’autre, l’accepter dans sa différence de réalité, avec des différences de ressentis et de malaises.
Parler va permettre au couple de se redire leur amour (car encore une fois je le redis, la baisse du désir n’a strictement rien à voir avec le sentiment d’amour).
Parler va permettre de donner et de recevoir les mots gentils, les gestes simples d’affection.
Parler est indispensable, mais parfois très difficile. La peur de faire mal à l’autre, la peur de ne pas être comprise est souvent un frein à la communication intime du couple
La demande d’aide
L’histoire du couple est peut être entachée d’histoires retenues, non « digéré mal reg
Quand on dit qu’il faut être patient, tout est une histoire très subjective. Le couple peut rapidement comprendre que la situation est vraiment bloquée, qu’ils ne parviennent plus à parler, qu’ils ne parviennent plus à manifester ou accepter la simple tendresse de l’autre.
À cette prise de conscience, il peut y avoir deux causes principales (en dehors de toute cause organique). Il y a d’autres causes bien sur, mais voici les plus courantes que je rencontre le plus souvent dans l’histoire des couples qui me consulte
– le couple a une, deux ou plusieurs souffrances, tristesses mal refermées, mal oubliées. L’arrivée de l’enfant avec tout ce que cela entraîne décrit au début de l’article, ne va faire que cristaliser ces « dossiers ».
– la place du père, la place de la mère, des frères et soeurs, de la famille ou de la belle famille est mal définie, mal interprétée. L’arrivée de l’enfant va cristalliser une sorte de rancoeur.
Quand le couple ne parvient pas à se parler, il faut se faire aider par un thérapeute, médecin ou psychologue, pour dépasser cette crise révélée par l’arrivée de l’enfant.
Mais quand consulter ?
Je pense, par expérience, que dès que l’on prend conscience de l’existence d’un problème et que ce problème ne trouve aucun compromis dans le couple assez rapidement, plus vite le couple consulte et moins la thérapie sera longue.
Pour conclure cet article, j’aimerais ajouter que le cas de baisse de désir nécesssite la présence des deux personnes du couple, contrairement à d’autres problèmes que peuvent rencontrer le couple. Le travail réalisé en séance et entre les séances demandent l’adhésion des deux partenaires.
Je pense que ce doit etre difficile de parler à un tiers de ses difficultés et du manque de désir dans le couple, car on peut avoir peur de blesser son partenaire, car ce genre de réflexion fait ressortir de vieilles rancoeurs. La plupart essaie d’abord de trouver des solutions par eux-même, en mettant du piquant dans la relation, par un petit voyage, un repas en amoureux, des jeux sensuels avec de la lingerie et des sextoys pour couple. Mais la grande majorité ne fait rien, laisse couler, jusqu’à l’explosion
Oui, ce n’est pas facile parce qu’il faut ouvrir tous les tiroirs que l’on avait fermé. Dommage effectivement que beaucoup ne fasse rien et attendent l’explosion du couple.