Nous avons tous été confrontés à des situations qui évoquent des sensations de peur et d’anxiété, que la source soit une situation réelle vécue (une voiture qui manque de justesse de nous écraser) ou une situation réelle vue (un film de suspens ou d’horreur), une situation anticipée (une opération prévue) ou une situation imaginée (la chute dans le précipice).
Cette capacité à éprouver de la peur ou de l’anxiété fait partie intégrante de notre condition humaine. Mais quelle serait la différence entre la peur et l’anxiété ? Naissent elles ou participent elles de la même émotion ?
Pas facile de répondre car les questions ne sont pas simples.
Si les psychologues sociaux s’entendent pour définir la peur comme la réaction à un danger clair et présent et l’anxiété comme une réaction à une situation prévue ou imaginaire, ils ne parviennent pas à s’accorder sur les origines de la peur et de l’anxiété.
Pour certains, la peur et l’anxiété sont des états innés. Pour d’autres, il s’agit d’un apprentissage par interaction avec l’environnement. Pour d’autres encore, la peur et l’anxiété, comme d’autres états émotionnels, sont le résultat des réponses physiologiques à des stimuli environnementaux.
Pour les psychologues cognitivistes comme moi, ce sont certaines croyances (ou cognitions) erronées qui conduisent à l’anxiété.
Très souvent les états d’anxiété sont basés sur des croyances qui ne correspondent pas à la réalité, mais qui, malgré les preuves contraires finissent par s’imbriquer avec les autres croyances et former un système fonctionnel.
Si cette explication cognitive se vérifie pour les états d’anxiété généralisée, comme on les retrouve dans les phobies, elle se révèle également pertinente dans les états de peur et d’anxiété liés à un épisode de vie particulier, comme un examen, un concours où la performance et la capacité sont au centre de la conséquence du malaise.
Quelque soit l’intensité de l’état d’anxiété, les personnes qui souffrent semblent avoir un problème d’attention sélective, car on remarque qu’elles concentrent une quantité excessive de leur attention aux menaces potentielles de l’environnement. Cette mémoire sélective conduit à une mauvaise interprétation qui, elle va enrichir la base de données validant la croyance erronée, renforçant le système cognitif particulier.
On peut prendre en premier exemple, une personne souffrant d’agoraphobie qui, se trouvant en train de marcher, entend le souffle rauque d’une personne dans son dos. Elle va sélectionner cette information parmi toutes les autres qui se présentent, penser que celui qui suit a l’intention de l’attaquer, valider la croyance que dehors on peut se faire attaquer et confirmer l’ensemble de son système cognitif basé sur la peur de sortir, l’anxiété de se retrouver dehors à la merci de toutes les menaces.
On peut prendre également l’exemple des étudiants qui, à l’approche de leur examen deviennent de plus en plus nerveux et anxieux et se laissent envahir par l’information donnée par l’environnement (parents et institution) qu’il est nécessaire d’avoir de bonnes notes, indispensable de réussir scolairement pour bâtir un avenir heureux.
Cette information toute à fait valable en soi peut se montrer autant motivante chez certains que destructrice chez d’autres. Certains prennent le contrôle de leur anxiété, d’autres pas. Ce sont les croyances parallèles qui vont faire la différence, poussant le premier à la réussite et le second à l’échec.
Les croyances parallèles sont construites à partir de l’environnement : la pression familiale, les expériences passées, le contexte scolaire, l’environnement affectif. Assemblées, elles vont se lier ensemble et former un système cognitif particulier et individuel.
Dans le cas d’un étudiant particulièrement anxieux, l’émotion peut grandir et passer hors contrôle, entraînant le sabotage des efforts présents. La perte de confiance prend des proportions démesurées pour finalement aboutir l’anxiété généralisée, que l’étudiant n’explique que par une incapacité intellectuelle.
Quand on vient me consulter, j’aide ces étudiants à surmonter leur anxiété, mettant à plat les préoccupations et les inquiétudes pour les analyser ensemble, c’est à dire les remettre à leur place, en permettant une redistribution des croyances.
Je peux travailler chez certains sur la confiance et chez d’autres sur les questions qui se manifestent dans l’anxiété, car si le but de mettre à jour la croyance erronée sur laquelle le fonctionnement cognitif s’est basé est commun, les manifestations de l’état d’anxiété sont particuliers.
Ces croyances peuvent toucher tous les domaines et s’avérer inattendue ou curieuse. Comme celle de Julie que je présenterai dans un prochain article sur le transgénérationnel. Venue me consulter pour un état d’anxiété généralisée à l’approche de son orientation post-bac, Julie me révèlera dès le premier entretien qu’une croyance familiale la comprime littéralement et pèse sur son système cognitif, au point de brouiller toutes ses capacités affectives et intellectuelles.