La théorie cognitive : les pensées obsessionnelles

Le traitement TCC des obsessions

En thérapie cognitivo-comportementale pour les TOC, le principe le plus largement accepté est basé sur les tentatives d’augmenter l’intensité des pensées afin de réduire la fréquence et la souffrance des pensées obsédantes. C’est donc, depuis de nombreuses années, le traintement des obsessions par l’exposition. 

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Ainsi, les patients souffrants de TOC, ont été amenés à penser ou à écrire tout ce qui concernait leurs obsessions. Certains ont été incité à enregistrer leurs obsessions de façon qu’ils puissent ré écouter en boucle, leur propre voix répétant sans cesse leurs pensées obsessionnelles. Cet exercice permettait, par ce comportement intentionnel, de diminuer les pensées obsédantes. 

Mais ce n’est pas tant le comportement d’exposition qui amène les patients à réduire, voire supprimer leurs pensées que la restructuration cognitive à proprement parlé. En fait, on s’est aperçu que les patients modifient les appréciations négatives de leurs pensées obsessionnelles. L’essentiel étant de parvenir au non-jugement de ce qui est pensé. 

Le traitement TCC des compulsions

Dans le traitement TCC, on utilise largement l’exposition et la prévention de la réponse à l’exposition pour réduire ou annuler les pensées obsédantes. On réduit ainsi l’anxiété causée par la peur obsessionnelle. Par exemple, la peur de la contamination génère une anxiété incontrôlable et le lavage des mains réduit un temps l’anxiété. Mais comme la réponse à l’anxiété (c’est à dire le comportement compulsif) réduit l’anxiété, c’est la réponse elle même qui renforce le besoin incontrôlable du lavage des mains et donc augmente le comportement compulsif.

Il est nécessaire de travailler sur le comportement compulsif pour qu’il ne devienne plus le comportement qui renforce la réduction de l’anxiété. Le traitement consiste alors à perturber le comportement compulsif en encourageant le patient à modifier son rituel compulsif. Comme ces personnes ne parviennent pas à arrêter complètement leur comportement, on leur demande un changement dans ce comportement. 

André est une personne qui ne parvient pas à quitter son domicile sans vérifier compulsivement son four une dizaine de fois pour s’assurer que le gaz est éteint. Le traitement comportemental serait de lui demander de changer ce rituel peut être pour lui demander de vérifier son four 5 fois seulement.

On peut aussi demander au patient de retarder le comportement afin de peu à peu diminuer l’anxiété, diminution qui réduit le besoin d’effectuer la contrainte. 

L’intervention de la théorie cognitive pour les obsessions

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Le traitement cognitif des pensées obsédantes part du postulat que ce qui est dérangeant pour les patients souffrants de telles pensées est non pas les pensées en elles-mêmes, mais l’appréciation négative qu’ils émettent sur ces pensées. 

La très grande majorité des individus ont des pensées intrusives négatives, parfois basées sur la violence, le danger ou la sexualité. Mais les patients TOC évaluent ces pensées. Ils les jugent. Les pensées deviennent alors non plus passagères, mais régulières et obsédantes. Ces individus pensent alors qu’ils sont « anormaux », « immoraux », « idiots »… 

L’élément clé du traitement consiste alors à amener ces individus à modifier leurs appréciations négatives. Il faut parvenir à leur montrer que ces pensées obsessionelles sont simplement des pensées intrusives négatives et qu’il est inutile de tenter de les contrôler. Il faut alors les observer le plus objectivement possible et se demander si elles sont vraies ou fausses, dans quelles mesures elles sont vraies ou fausses. La plupart du temps, les patients admettent rapidement qu’elles n’ont pas de fondement ancré dans leurs expériences, mais des fondements ancrés dans leurs croyances. 

En effet, le patient qui a des pensées obsésionnelles a des croyances sur lui même concernant une hyper responsabilité, une intolérance à l’incertitude, une recherche de perfection, une intolérance à l’anxiété et une évaluation du danger irraisonnée. Après avoir recherché les croyances personnelles du patient, on peut lui poser une série de questions qui doit lui permettre d’admettre le caractère irraisonnable de ses croyances. 

L’étape suivante consiste alors à juxtaposer à la croyance sans fondement dans l’expérience du patient, une croyance avec un fondement sur son expérience. Autrement dit, on remplace la croyance générale par une croyance spécifique qui a des preuves objectives. 

Ensuite, avec le patient, on étudie les pensées qui découlent des croyances générales et qui génèrent les pensées obsédantes. Ces pensées, que Beck appelle des pensées automatiques, sont celles qui permettent l’interprétation de la situation et provoquent les pensées obsédantes, comme seules réponses possibles à l’anxiété provoquée par la situation. Ces pensées obsédantes, au lieu de les appeler intrusives, on peut les appeler « stupides » puisqu’elles n’ont aucun fondement raisonnable. 

C’est tout ce travail cognitif que je mène avec les personnes qui viennent me consulter pour des pensées obsésionnelles. C’est un travail qui demande un effort centré sur soi afin d’amener à la conscience des pensées qui sont inconscientes à cause de leur rapidité et de leur automatisme. 

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