Il y a objectivement une grande différence entre une personne timide occasionnellement, c’est à dire selon les situations et une personne timide chroniquement, c’est à dire quelque soit la situation.
La timidité occasionnelle, c’est le cas de Jeannine qui a toujours privilégié les relations avec la famille et les amis parce que c’est essentiellement avec eux qu’elle se sent à l’aise et devient facilement avenante, souriante, joyeuse. Elle me dit au premier rendez vous, qu’elle pensait avoir guéri sa timidité, mais que depuis quelques semaines, elle ne se reconnaît plus et ne parvient pas à gérer ce qu’elle appelle sa « double personnalité ».
Obligée par son nouveau poste à favoriser l’élargissement et le renouvellement des réseaux sociaux, et donc obligée de rencontrer sans cesse des gens nouveaux, d’aller au devant d’eux, elle s’est rendu compte qu’elle n’apparaissait pas la même personne pour les uns et pour les autres. Dans un cercle d’amis, là voilà enjouée, souriante, avenante, à l’écoute des autres. Dans un groupe d’inconnus, là voilà sèche, distante, mordante et souvent blessante. Elle ne gère absolument pas ce « nouveau comportement » car elle aime vraiment ses nouvelles responsabilités et ne peut se résoudre à accepter son côté « détestable ». Elle ne comprend pas pourquoi elle serait gentille avec les uns et méchante avec les autres.
En fait, Jeannine est toujours timide et n’a jamais réussi vraiment à s’en départir. Elle a simplement oublié qu’elle l’était puisqu’elle se protégeait de toutes les situations stressantes pour elle. Ce comportement de fuite, d’évitement ou ce comportement de désintérêt apparent ne peuvent être sans bénéfices pour Jeannine. On ne se conduit jamais d’une certaine façon pour rien. Nous avons toujours une raison, un avantage à être ou paraître ce que nous sommes. Quelle est cette protection chez Jeannine ? De quoi se protège t elle ?
Alors qu’avant sa prise de poste, Jeannine a toujours su éviter les situations qui auraient pu lui donner une étiquette de « timide », elle ne peut plus agir de la même façon maintenant. Elle veut ce poste et les fonctionnalités qui s’y attachent. Elle se dit ravie d’avoir à multiplier les contacts. Mais, même si elle est ravie, elle ne peut ignorer sa timidité occasionnelle. Et c’est parce qu’elle joue à l’ignorance qu’elle se créé un masque de rejet, un masque de désintérêt aux autres.
En travaillant en séance avec elle, sa parole met rapidement en évidence l’hypersensibilité au jugement des autres dont souffre Jeannine depuis l’enfance. Cet hypersensibilité la conduit à paraître timide pour s’effacer de peur qu’on la juge ; sa timidité installée l’amène ensuite à fuir les situations où l’on pourrait la juger ; les situations où l’on pourrait la juger la conduit enfin à placer un masque devant ce qu’elle est pour ne pas qu’on la juge, puisque sa timidité devient impossible dans son nouveau poste. Tant qu’elle passe outre sa peur du jugement des autres, elle ne peut lâcher prise, sur sa timidité, elle ne peut ni l’admettre ni l’apprivoiser.
Il faut redonner sa place à la timidité, en reconnaître la cause et en chercher les conséquences. Il faut accepter, c’est à dire reconnaître, pour dépasser.
Voi raussi l’article sur la titmidité chronique