Dans mon précédent article j’ai distingué les cas fréquents d’infidélité pour aborder ici la problématique de l’infidélité dans la vie d’un couple.
Cet article part de trois présupposés :
1. Toute l’histoire de cette infidélité a été dévoilée.
2. Le partenaire qui a eu une histoire d’infidélité a mis fin à cette histoire.
3. Le couple est prêt à poursuivre leur relation et a la réelle volonté de reconstruire le lien de complicité pour retrouver la confiance largement ébranlée par l’histoire de l’aventure extra-conjugale vécue par l’un des partenaires.
C’est donc aux couples qui ont la réelle volonté de retrouver la confiance à qui cet article est adressé. Le travail à effectuer est bien à travail à deux.
L’histoire, doit non pas être oubliée, mais doit passer dans la boite des expériences de vie, devenir épisode. Cela ne veut pas dire nier la douleur, la souffrance, la culpabilité, la honte mais accepter de tout nommer, de redonner la place de l’un et de l’autre, comprendre, admettre pour repartir dans la vie, tout aussi confiant de soi et de l’autre.
Mais comment faire ?
– Parler de sa souffrance, de son malaise, de la honte de la culpabilité. De toutes les émotions et des sentiments qui les accompagnent.
– Être attentif et patient l’un envers l’autre.
– Se faire aider par un professionnel ou un tiers le plus objectif possible.
– Restaurer sa confiance en soi
– Discuter des détails, poser et répondre à toutes les questions
– Réunir les besoins de chacun pour restaurer la confiance en l’autre par l’honnêteté.
Il y a un certain ordre à respecter. On ne peut pas discuter des détails avant d’avoir exprimé tout ce qui a été ressenti, avant d’avoir travaillé les émotions et les sentiments, avant d’avoir restauré l’estime de soi.
Juliette après plusieurs semaines d’apathie a essayé de reprendre une vie normale avec Julien qui avait eu une aventure extraconjugale. Mais les émotions fortes et négatives ne cessaient de revenir en force. La rage, la colère bouillonnaient. Puis la rage s’est transformée en haine, et le couple s’est enfermé dans le silence.
Quand ils sont venus me voir, j’ai eu l’impression de rencontrer deux ennemis qui faisaient semblant de vivre ensemble. Mais, comme ils me précisaient qu’ils désiraient vraiment reconstruire, pas reconstruire uniquement pour élever encore les enfants ensemble et éviter un divorce, mais reconstruire pour retrouver leur relation de partenaires, je leur ai proposé une thérapie de couple.
Quand la haine de Juliette s’est exprimée, cette rage faite de colère rentrée, ce sont la trahison, l’humiliation qui se sont révélées. Sa rage, sa haine étaient comme des boucliers à ces sentiments qui écornaient son estime d’elle. Elle avait mal mais ne parvenait pas à le dire vraiment. Elle pensait même que c’était mal d’avoir mal si elle voulait rester avec Julien.
Ça c’est la première étape après la révélation. Faire monter toutes les émotions, tous les sentiments, toutes les pensées qui arrivent sans avoir peur de les nommer à l’autre. Il faut reprendre son estime de soi en gérant ses émotions négatives, en se réconciliant avec.
Au cours de cette première étape, dans le même temps, Julien a besoin de découvrir ses propres émotions et de comprendre celles de Juliette.
On peut passer en revue toutes les émotions et les sentiments négatifs pour découvrir comment chacun les vit. C’est un excellent moyen d’entrer en communication avec l’autre en découvrant ce qu’il ressent, ce qu’il pense. Voici une liste des grandes émotions et sentiments.
– la jalousie
– l’incertitude
– la honte
– la perte d’espoir
– la trahison
– la culpabilité
– la déception
– la vengeance
– la peur
– la frustration
Il faut les exprimer pour les gérer.
La seconde étape est encore centrée sur les deux « je », reconstruction qui doit se faire bien avant la reconstruction du « nous ».
La seconde étape est le travail sur la confiance en soi. Chacun a une part de responsabilité dans cette aventure. Mais responsabilité n’est pas culpabilité. Le sentiment de culpabilité ne fait pas agir dans un sens positif. Il faut donc travailler toutes les cognitions qui tournent autour de ces idées :
– Je ne peux faire que le mal
– L’autre est meilleur(e) que moi
– Qu’aurais je du faire pour empêcher ça ?
– Je ne peux pas aimer correctement
– Il ou elle m’en veut et je ne peux rien changer.
ect…
La troisième étape est un travail sur la transparence. L’histoire doit être dite, redite jusqu’à épuisement de récit, de questions, de réponses. Là c’est délicat. Tout couple est différent. Il faut restaurer le lien de complicité en évitant de fragiliser ce qui vient d’être restaurer, de déstructure ce qui vient d’être structuré : la confiance en soi. Pour que la confiance en l’autre revive.
La quatrième étape doit permettre de découvrir et de comprendre comment l’infidélité est arrivée dans l’histoire du couple. Cela revient à parler de ce qui manque dans la relation et d’examiner sereinement, au vu du travail fait en amont, tout ce qui ne va pas et peut être modifié. Il faut écouter l’autre et le comprendre. Il faut parler de soi pour reconstruire ce nous fragilisé.
C’est un apprentissage de l’honnêteté. Indispensable pour la confiance en l’autre. Puisque chaque partenaire a appris à être honnête envers lui même, c’est maintenant le temps d’apprendre l’honnêteté pour l’autre.
Il faut parler des points suivants :
– réconfort,
– attention,
– soutien,
– stabilité,
– sécurité.
L’étape suivante est un travail sur la sexualité. Permettre que les relations sexuelles viennent à nouveau prendre vien dans la vie du couple.
La reconstruction de la relation est plus longue, plus délicate. Mais cela vaut vraiment le coup de tenter l’aventure à deux !
NB : Les commentaires sont modérés et n’apparaissent qu’après mon approbation.