Biais cognitif : la tache aveugle

Comme je l’ai énoncé précédemment dans ma présentation des biais cognitifs, je présente maintenant un autre biais de jugement : celui dit de la tâche aveugle ou biais de l’angle mort de polarisation. 

Pour mémoire, un biais cognitif est une erreur courante, une limitation de la perception humaine, de la mémoire, ou du jugement qui conduit à des raisonnements défectueux et / ou de visions déformées de la réalité.

Le biais de la tâche aveugle est le fait que nous sommes persuadés que l’existence et le fonctionnement des biais cognitifs sont beaucoup plus présents chez les autres que chez nous. C’est le biais de nos préjugés. 

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Autrement dit, nous ne reconnaissons pas que les biais personnels, les interprétations idiosyncrasiques ont façonné notre jugement, nos préférences, nos valeurs, tout en reconnaissant qu’ils ont influencé le jugement des autres.

Nous avons conscience de l’impact des préjugés sur le raisonnement des autres, mais peu sur nos propres jugements. 

Par exemple, nous pensons que les opinions politiques des autres sont biaisées par leurs intérêts personnels, que la perception des conflits interpersonnels est biaisé par leur émotivité personnelle, sans reconnaitre que nous mêmes, sommes tout autant biaisés par les mêmes paramètres. 

Cette partialité de perception est renforcée par le fait que nous sommes obligés de nous évaluer par simple introspection sur nos pensées et nos motivations, en évaluant le biais des autres par la perception de leur comportement externe. On ne met jamais en doute nos propres perceptions. 

Nous nous jugeons sur nos pensées et nous jugeons les autres sur leurs comportements, pensant que nos comportements sont dus à nos intentions et que le comportement des autres est du à leurs pensées. 

Nous partons du principe que nous sommes objectifs et que les autres sont partiaux. De là, naissent de nombreux conflits par ailleurs puisqu’il nous arrive de camper sur nos positions en refusant de voir la vision du monde par les yeux de notre interlocuteur. 

Les chercheurs qui se sont penchés sur ce biais (Pronin et Kugler) ont remarqué que la source de ce biais pouvait être du à l’illusion d’introspection, autre biais cognitif essentiel. 

L’illusion d’introspection est une illusion cognitive dans laquelle nous pensons à tort avoir la possibilité d’accéder à nos états mentaux, c’est à dire l’illusion de croire que nous pouvons savoir vraiment ce nous pensons. Dans certaines situations, cette illusion nous conduit à donner de fausses explications à nos comportements ou à prédire faussement nos états mentaux. Cela nous conduit également à penser à la place des autres. 

L’illusion d’introspection nous conduit à avoir une illusion de supériorité par rapport aux autres. La plus grande illusion que nous avons est le fait que nous pensons tous, être moins conformiste que les autres, c’est à dire plus libres de nos jugements que les autres. Mais je reparlerai de ce biais particulier qui est très intéressant. 

Pour revenir au biais de l’angle mort de polarisation, il faut retenir que nous pensons très fortement « je suis objectif et tu es partial ». 

Mais comme tout biais, le savoir c’est déjà s’en prémunir, ou du moins tenter de s’en prémunir. 

2 réactions sur “ Biais cognitif : la tache aveugle ”

  1. claire Réponse

    Ben oui, c’est « la paille dans l’oeil du voisin et la poutre dans le sien (point de vue du candide)

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