La perception sélective

La perception est définie comme le processus de catégorisation et d’interprétation de l’information sensorielle. Il décrit également comment nous atteignons une prise de conscience ou de compréhension. Or, nous sommes sélectifs dans la manière dont nous traitons cette information.

La perception sélective décrit comment nous classons et interprétons l’information sensorielle d’une façon qui favorise une catégorie ou une interprétation plutôt qu’une autre. En d’autres termes, la perception sélective est une forme de partialité parce que nous interprétons l’information d’une manière qui est conforme à nos valeurs et convictions. Ce processus se produit automatiquement pour deux raisons principales. 

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La première est que nous utilisons souvent des expériences passées pour former la réalité d’aujourd’hui avec nos modes de pensée.

La seconde est que si nous acceptions de réagir à chaque stimulus individuel au cours de la journée, nous serions complètement dépassés.

Avec la perception sélective, nous filtrons les informations que nous jugeons inutiles en nous basant sur notre système de valeurs et croyances.

Combien de fois avez-vous rencontré une situation que vous ne connaissiez pas et que  avez reliée à une expérience similaire passée ?

Combien de fois avez-vous vu une séquence de publicités à la télévision en paraissant intéressé ?

Alors, pourquoi devrions-nous même penser que ce processus qui se fait automatiquement peut nous conduire à des erreurs graves ?

Il est évident que la perception sélective nous empêche de voir la vérité sur certaines personnes ou sur certaines situations, en raison des étiquettes que nous leur avons déjà appliquées.

Imaginez apercevoir dans la rue un homme aux habits froissés et déchirés, visiblement ivre qui appelle « au secours ». Aurez vous la même attitude si cet homme est en costume-cravate ? L’habit va être votre information principale qui va « commander » le comportement que vous allez avoir vis à vis de l’autre information : appeler au secours. Et vous allez réagir selon vos croyances, vos expériences passées. 

Nous ne voyons que ce que nous choisissons de voir, nous n’entendons que ce que nous choisissons d’entendre, nous ne croyons que ce que nous choisissons de croire etc…  Cela augmente et limite notre capacité à décider et améliorent et gênent nos relations. 

Voici Carole, une femme qui vit une situation maritale difficile. Son mari est alcoolique et a une furieuse tendance à l’humilier, allant parfois jusqu’à user de la violence physique envers elle. Il lui dit que c’est pour «son bien» qu’il se comporte de cette manière. Elle se plaint, cherche une solution et ne parvient pas à faire quoi que ce soit, si ce n’est ne rien faire, c’est à dire choisir de rester. 

Si, en tant qu’ami, vous essayez de la convaincre de quitter rapidement son mari en lui montrant la réalité, en pointant les actes de violences et insistant sur sa dépendance émotionnelle, il y a de fortes chances qu’elle refuse de voir cette vérité. Elle va prétendre qu’elle peut changer son mari, qu’il y a un bon côté en lui et qu’elle finira par s’en sortir. 

En fait, Carole fausse la réalité et la perçoit d’une manière qui convient à son confort (qui peut être la dépendance financière ou affective de son mari, ou le confort simple d’avoir un homme dans sa vie). Toute la réalité de la situation est dépendante de la réalité inconsciente de Carole. Pour ajuster la seconde à la première, elle va filtrer les informations, fausser les faits et les effets et ne sélectionner que ce qui valide la seconde : le confort inconscient, sans pouvoir l’assumer. 

En tant que tel, le résultat final est exprimé en termes de notre réponse au stimulus, et est basé sur ce que nous voulons et ne voulons pas faire. Cela devient ce que l’on appelle la perception sélective.

La perception sélective est souvent utilisée comme une stratégie publicitaire pour améliorer la popularité et les ventes d’un produit. 

Par exemple, vous avez envie d’acheter un téléphone cellulaire d’une marque particulière mais vous hésitez. Il y a fort à parier que, dans la même journée, vous allez voir 100 fois la publicité pour l’objet convoité, comme si ces annonces venaient juste d’apparaître. Soudain, ce téléphone est partout. Ce que vous ne remarquez pas, c’est que tout cela était déjà autour de vous. Vous avez filtré ces stimuli avant ce jour parce que vous n’en aviez jamais vraiment eu besoin avant d’en avoir envie. Cependant, maintenant que vous envisagez d’acheter le téléphone cellulaire, vous le voyez partout. Votre cerveau est à l’affût de toutes les informations le concernant. La société d’autre part, a créé ou a déclenché votre désir d’acheter le téléphone par la promotion du produit pour le rendre populaire, ce qui augmente votre conscience à ce sujet.

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Il existe de nombreuses situations dans lesquelles la perception sélective se produit. Parfois les conséquences sont heureuses, nos réactions appropriées et rapides. Parfois, elles sont catastrophiques. 

Certaines grandes catastrophes ont comme base une erreur humaine due à cette perception sélective. Une catastrophe bien connue est l’accident d’un avion à Portland. Lors de l’approche de la piste, les pilotes détectent un problème sur le train d’atterrissage. La tour de contrôle appuyé par l’avis du technicien décide de retarder l’atterrissage et font tourner l’avion au-dessus de l’aéroport. Les pilotes acceptent et personne ne prend au sérieux l’information sur le niveau de carburant. Finalement, l’avion s’écrase à quelques mètres de la piste, faute de carburant. Les pilotes, la tour de contrôle, le technicien ont négligé de surveiller les autres paramètres de navigation, se focalisant sur la seule information du train d’atterrissage défectueux.

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Nous avons tendance à généraliser, à porter des jugements stéréotypés, qui finissent par aboutir à des erreurs d’attribution fondamentale. 

En bref, nous avons tendance à déformer la vérité afin de nous sentir bien, valider nos croyances, et en quelque sorte, échapper à la réalité pour être en mesure de prendre des décisions plus facilement. 

Il faut juste est conscient que c’est à la fois une bonne chose et une mauvaise chose et, dans les choix difficiles à faire, il convient de rester le plus vigilant possible et être capable de remettre en cause sa première impression, en sachant que remettre en cause n’est pas pratiquer l’exclusion mais au contraire l’acceptation de l’erreur possible. 

6 réactions sur “ La perception sélective ”

  1. Jacques Réponse

    Voila je suis à la recherche d’information sur des expérience de perception sélective mais hélas pas trés evident à trouver. Je me permet donc de vous demander si vous n’auriez pas quelques
    références que se soit en livre ou sur internet.
    En vous remerciant par avance.

  2. Mary Gohin Réponse

    Difficile de répondre car quelles expériences recherchez vous ? Vous pouvez toujours tenter une recherche en ajoutant bien filetype:pdf à votre requête sur le moteur de recherche, mais ce sont
    surtout dans les ressources anglophones que l’on trouve de bons résultats. En livre, cela dépend de ce que vous recherchez encore. 

  3. dgi:0040:dgi:0040: Réponse

    on appelle cela la politique de l’Autruche !!!
    facile et indolore, mais en fin de compte catastrophique au final
    et toujours cette parole qui m’énerve,  » ah oui, tu devrais faire… ou moi j’ai … » »
    chaque être humain est différent , chaque situation aussi.
    je ne suis plus trop du genre à aller au devant de quelqu’un dans les rues… trop dangereux pour moi q, qui ai du mal à garder ma langue dans ma poche !!!!
    gros bisous Mary ** dgidgi

  4. Mary Gohin Réponse

    C’est tout à fait catastrophique, oui ! Et les conseils en « yaka focon » le sont bien aussi ! Nous sommes différents, c’est vrai, mais nous sommes tous semblables. Le paradoxe est notre humanité.
    Merci pour ce commentaire et bises à toi également.

  5. Arkanciel Réponse

    Oui c’est tout à fait cela, j’ai vécu cette situation, je recevais des signaux de séparations de ma compagne mais je les enregistrais pas du tout, le problème c’est comment en prendre conscience
    quand il est encore temps puisque on ne veut pas les voir ???

  6. Mary Gohin Réponse

    Difficile. C’est au moment où on est mal qu’on peut se dire qu’il y a un problème. Après il faut se poser et s’écouter, prendre de la distance et écouter ce que disent les autres qui ont eu une
    autre vision du monde. 

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